Le Lièvre, l'homme aux mille visages

Le caractère du Lièvre est assez flou, ses nombreux changements d'identité ayant apporté leur part de confusion émotionnelle à une jeunesse déjà compliquée. Ses déboires amoureux et autres échecs et humiliations ont fortement marqué sa personnalité, cynique et angoissée avec une touche de rébellion. le Lièvre est souvent en proie à des pensées auto-destructrices et des questions identitaires qui ne lui laissent aucun répit mais qu'il a renoncé à vouloir résoudre après un énième changement d'identité. Il présente au monde un visage impassible et narquois qui reflète le regard désabusé qu'il porte sur lui-même.

De naissance, le Lièvre avait des cheveux blonds et bouclés, un visage pâle aux traits peu dessinés, presque enfantins, et des yeux d'un bleu terne surmontés de sourcils fins (épais de nature mais épilés avec soin). Plutôt mince et élancé, il a toujours travaillé sa musculature – sans pour autant paraître imposant -, non par plaisir ni même dans un but de séduction, mais comme une sorte de belle carapace derrière laquelle il se sent protégé. Après son altercation douloureuse avec Jägerin, il garde ses cicatrices pendant quelques années avant de changer radicalement d'apparence au prix d'opérations chirurgicale très coûteuses ; il en ressort la mâchoire élargie, le nez légèrement courbé, et pour parfaire sa nouvelle apparence, il cesse de s'épiler les sourcils, raidis ses cheveux désormais teints en brun et porte constamment des lentilles gris-vert. Il garde néanmoins une large cicatrice sur le torse qui remonte jusqu'à l'épaule droite, et de ce fait ne dévoile jamais ses épaules. Il s'habille avec sobriété et élégance quand il se rend à des soirées mondaines, et opte pour un long imperméable noir ainsi qu'un chapeau de feutre mou dissimulant son visage lorsqu'il est amené à rencontrer ses employeurs sous le nom du Lièvre.

Victor de Crémont d'Arcy naît en 1984 des suites d'une liaison adultère entre le duc de Cremont d'Arcy et d'une baronne allemande. L'affaire fait grand bruit dans la presse à scandale ; en effet, le père de Jean-Eudes de …, futur époux de la Sombra, ami proche du mari de la baronne, révèle pour une raison inconnue l'identité véritable du père de l'enfant. Sur les conseils de Cremont d'Arcy, la baronne fait un séjour prolongé au Japon, afin de mener discrètement sa grossesse à terme (le duc souhaite garder l'enfant)-le temps que l'affaire s'étouffe. L'enfant est nommé Victor et confié à un ami de Cremont d'Arcy qui ne lui cache rien de ses origines. Victor grandit donc en pleine conscience de sa noble extraction et fréquente de prestigieuses écoles japonaises. Mais il ne se plaît pas dans ce milieu élitiste et fermé que son père a choisi pour lui ; il s'éloigne peu à peu des règles de conduite imposées par son rang (bien qu'il ne soit pas encore légitimé) et traîne avec des gens de réputation douteuse, s'intéresse à l'argent sale.
  En 2004, il est finalement légitimé par son père. De peur que l'attention de la presse ne se tourne à nouveau vers lui et afin de préserver son anonymat, Victor organise avec une de ses nouvelles connaissances une véritable disparition, un premier changement d'identité. Il intègre progressivement le milieu mafieux et reçoit d'un maître japonais une formation qui lui permettra par la suite d'entrer au service de la KBSCC. Il devient Mickaël, Mickie, voleur professionnel, rapide et discret, artiste dissimulateur. Il fait bientôt la rencontre de la Sombra, alors fiancée à Jean-Eudes de ..., dans des circonstances compromettantes. Il a devant lui la future belle-fille de celui qui a sali sa réputation avant même sa naissance, et il est bien décidé à se servir du secret de cette va-nus-pieds mexicaine pour éclabousser son mari.
  C'est en 2011 qu'il est repéré par la KBSCC alors qu'il tente de tuer Padrino. Il passe avec elle un marché et entre à son service mais il travaille en réalité comme agent-double pour le compte de Loup-Garry. Deux visages lui font une impression particulière : celui de la Sombra, qui ne semble pas le reconnaître, et celui de Jägerin, la féline redoutable, la femme empoisonnée, avec un côté sombre qui se nourrit de souffrances enfouies. Elle le fascine, l'obsède, l'attire, au point qu'il lui révèle son double-jeu un mois seulement après leur rencontre. Jägerin se rue sur lui et lui lacère le visage et le torse avec ses couteaux. Mickaël est laissé pour mort, son corps est emporté par des agents et jeté dans une décharge.
  Dix ans plus tard, la KBSCC entend parler d'un agent aux talents inégalés qui se fait appeler le Lièvre et travaille pour quiconque a un compte bien rempli. C'est un nouveau visage, un nouveau nom. Personne ne sait comment il a survécu, encore faudrait-il savoir qui se cache derrière ce masque. Victor de Cremont d'Arcy, lui, en a assez de se cacher. Il fait une réapparition bruyante dans le milieu mondain, se montre avec insolence, fier de son statut de bâtard aristocrate. Une façon comme une autre d'oublier qu'il est détruit, anéanti, brisé par une femme dont il répète le nom la nuit en proférant des menaces de mort.